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Création d’une CPTS : les professionnels de santé témoignent

5 octobre 2018
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Impliqués dans la construction de la CPTS de Quimper, le Dr Thomas COUTURIER, médecin généraliste libéral et Luc MIOSSEC, infirmier libéral nous font part de leur retour d’expérience sur cette étape importante dans la structuration de l’offre de soins sur le territoire quimpérois.

 

 

 

Comment s’est initié le projet de CPTS sur votre territoire ?

 

TC : « Le projet de CPTS a vu le jour suite a la création en 2015 du CODTS  (Collectif pour l’Organisation et le Défense du Territoire de Santé) du pays de Quimper qui regroupait les Médecins Généralistes (MG) du territoire. Les membres de l’association ont très rapidement compris l’intérêt de se fédérer pour porter des projets utiles à la communauté médicale (entraide, organisation des soins, interrogation sur la prise en charge des patients). Il a cependant été évident pour ces mêmes membres que face aux enjeux que devra affronter le monde de la santé dans les prochaines années cette dernière ne saurait se suffire a elle même. Si les MG sont une pièce maîtresse dans la prise en charge il ne peuvent ,en effet, assurer cette dernière sans les autres acteurs de la santé qu’ils soient issus des secteurs médicaux (libéral comme hospitalier), médico-sociaux et sociaux mais aussi et avant tout des patients. Il a par conséquent très vite été réfléchi a la création d’une organisation, agora de tous les acteurs de terrain ayant pour objectif de mettre en relation les professionnels mais aussi de porter des projets spécifiques. Nous avons regarder quels étaient les outils à disposition, et la CPTS a paru la plus adaptée… »

 

LM : « A l’initiative des médecins libéraux, le CODTS de Quimper Cornouaille souhaitait contractualiser un partenariat avec le CHIC de Quimper, il semblerait que l’ARS ait demandé à ce qu’une formalisation pluriprofessionnelle soit engagée afin d’obtenir des financements possibles. »

 

Pourquoi vous êtes vous engagé dans cette aventure ?

 

TC : « Face à l’explosion des maladies chroniques et au vieillissement de la population les médecins ne pourront pas continuer longtemps à prendre en charge de façon correcte les patients (cela est d’ailleurs parfois déjà difficile). Or, jeune médecin c’est moi qui me retrouverait dans la situation. Je crois également énormément au travail partenarial et en équipe, il me paraissait par conséquent assez logique de m’investir. »

 

LM : « En tant que Président de l’association des infirmiers libéraux de Quimper, élu URPS Infirmiers, j‘ai été contacté par le Dr Couturier, porteur du projet en tant que Président du CODTS. Il y a une « mode » de la création de CPTS, il est important que les élus de terrain, un peu au fait de l’évolution de la politique de santé, s’investissent dans ces mises en place afin de cadrer et orienter le fonctionnement de ces structures pour préserver l’équité professionnelle et favoriser le bon fonctionnement des échanges et des pratiques inter professionnelles. »

 

Des projets de santé partagés étaient-ils déjà en réflexion ou la structuration en CPTS vous a amené à en formaliser ?

 

TC : « Il est important de comprendre que la CPTS n’est qu’un outil au service du/des projet(s). Les projets étaient par conséquent antérieures à la structuration de la CPTS. Pour autant, à partir du moment ou les acteurs ont compris l’intérêt de la structure les projets se sont multipliés assez rapidement (teledermatologie, iatrogenie médicamenteuse ville/ hopital pour les pharmaciens par exemple). »

 

Quels sont les professionnels et partenaires qui vous ont entouré pour construire la CPTS ?

 

TC : « Gecolib nous a beaucoup aidé notamment par leur expérience dans la coordination. Les représentants URPS (notamment Médecins, Infirmiers? Masseurs-kinés et Pharmaciens) ont également joué le jeu. Dans nos professions, souvent peu structurées, atteindre le professionnel est souvent difficile mais grâce à leur implication nous y sommes parvenus…Ensuite dans la mesure ou la notion de CPTS était encoure floue il a fallu créer et imaginer l’organisation la plus habile et la plus représentative possible des différentes sensibilité et corps de métiers. Mais encore une fois, sans Gécolib nous n’y serions pas arrivé. »

 

LM : « Les quatre professions (Médecins, Infirmiers, Pharmaciens, Kinésithérapeutes) se retrouvent régulièrement dans le cadre des URPS, de la mise en place d’une PTA,
il était facile de mobiliser ces partenaires habituels afin de mettre en place la première structure de la CPTS. Les statuts juridiques prévoient une intégration des autres professionnels de santé dans un deuxième temps. »

 

Votre CPTS est-elle créée ? Si oui, depuis combien de temps fonctionne-t-elle et combien de professionnels la compose ?

 

TC : « LA CPTS a vu le jour fin Juin 2018 et la campagne d’adhésion a été lancée fin Août afin que tous les professionnels soient rentrés de vacances.
Le succès est au rendez vous avec des adhésions quotidiennes. Actuellement, on peut estimer que 20 à 30% des médecins, infirmiers, kinés et pharmaciens libéraux ont adhéré. Ce n’est pas si mal au bout d’une semaine! »

 

Quel(s) projet(s) porte-t-elle aujourd’hui ?

 

TC : « L’objectif prioritaire est le décloisonnement entre la ville et l’hôpital mais aussi entre la ville et la ville. Ainsi les projets d’annuaire commun, de messagerie sécurisée, de mise en relation sont aujourd’hui prioritaires. Mais comme je le disais, les projets annexes abondent : prévention des chutes, lien ville/hôpital dans les thérapies ciblées anticancéreuse (un article 51 a même été posé dans le cadre de la prise en charge oncologique et la redéfinition du rôle de chacun), télé-coordination dans la prise en charge du diabète, de l’Hyper Tension Artérielle, de la douleur et enfin télé-expertise en dermatologie »

 

LM : « En cours de création, association porteuse du projet créée, statuts présentés à l’ARS pour validation »

 

Selon vous qu’est-ce que la CPTS peut apporter pour les professionnels de santé et la patient ?

 

TC :  » Pour les professionnels de santé de meilleurs conditions d’exercice et une reconnaissance accrue de ses compétences. Pour le patient? une meilleure prise en charge : optimisée et sécurisée»

 

LM : «Coordination entre professionnels facilitée par des outils numériques, connaissance des différents intervenants d’un patient commun, facilité de contact entre les professionnels, rapidité de contacts, meilleur suivi des pathologies chroniques. »

 

Quelles seront les actions de votre CPTS demain ?

 

TC : « La priorité est de poursuivre la structuration de l’association en convaincant de plus en plus de professionnels du bien fondé de la CPTS: cela passe par la poursuite des projets en cours qui doivent aboutir et être suivi dans le temps. Ensuite, recueillir les attentes des différents professionnels pour monter des projets qui leur correspondent (et ils sont multiples!). Enfin, si la prise en charge curative du patient est notre cœur de métier, il est important de comprendre qu’en tant que professionnels de santé nous sommes également responsables de la santé globale de la population. Il s’agira par conséquent de réfléchir aux actions à mettre en œuvre pour éviter les maladies ou du moins leur aggravation. »

 

 

 

 

 

 

 

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